Alain Juppé n'est pas homme "à se laisser intimider". Au lendemain de la revendication par le FLNC-Canal historique de l'attentat qui a détruit en partie l'hôtel de ville de Bordeaux, le Premier ministre a été clair sur ses intentions. Il combattra le terrorisme en Corse, avec la même force que "celle mise en oeuvre l'an dernier lorsque [la France] fut confrontée à d'autres violences terroristes", a-t-il déclaré, faisant allusion au attentats commis par les islamistes. Après des mois de dialogues souterrains avec les nationalistes, le gouvernement entend rétablir l'autorité de l'Etat avec une nouvelle vigueur.
Des mesures d'urgence ont été prises par le Premier ministre. Plus de 800 CRS ont été placés aux endroits stratégiques (mairies, préfectures, conseil généraux) des grandes villes de province. Marseille, Lyon, Paris et bien sûr Bordeaux ont donc vu croître les effectifs policiers . En plus de ces escadrons, ordre a été donné à la police de "réactiver" la surveillance générale. Ces décisions ont été appuyées par le fait que le FLNC-Canal historique a également revendiqué la paternité de l'attentat contre le palais de justice d'Aix-en-Provence, le 29 septembre dernier.
L'attentat de samedi serait parvenu aux oreilles du Premier ministre, avant sa réalisation, indiquent des sources proches des enquêteurs. Selon un rapport, arrivé à Matignon, le 30 septembre, les renseignements généraux auraient en effet évoqué la possibilité qu'un acte terroriste soit commis à Bordeaux ou Marseille par les activistes corses. L'enquête a pour l'instant été confiée à la 14ème section anti-terroriste du Parquet de Paris, en collaboration avec la 6ème division centrale de la PJ. La détermination qui semble être celle du gouvernement pourrait l'amener à un règlement radical de ce conflit, en cours depuis près de vingt ans.